L'art de guérir. Les chemins vers une vie meilleure

Qui étaient les personnes en quête de guérison, ces chercheurs de vérité et ces marginaux qui aspiraient à des modèles de vie alternatifs et s’efforçaient de vivre en accord avec eux ? Et en matière de guérison, de quelles approches l'art s’est-il emparé ? L'expérience de la nature peut-elle être salutaire ? L'étude de la spiritualité suffit-elle à remplir nos existences ? L'art peut-il guérir ?

Au XIXème siècle, l'industrialisation et l'urbanisation modifient radicalement l’existence du plus grand nombre. Les progrès techniques induisent des effets négatifs sur la société et sont critiqués pour cette raison. Anonymat, pauvreté, conditions de logement et de travail misérables ainsi qu’une pollution endémique caractérisent la vie dans les grandes villes, grandes villes de plus en plus surpeuplées. Les besoins émotionnels de l'être humain sont réduits à la portion congrue.

Avec le peintre allemand Karl Wilhelm Diefenbach, nous faisons la connaissance de l’un des précurseurs du mouvement. Atteint d’une typhoïde aigüe, il la traite par une cure de raisin et une alimentation sans viande.

Les réformateurs de l’existence promettaient également une vie proche de la nature par le biais d'une alimentation végétarienne.

Le corps avait une importance particulière dans le mouvement « Lebensreform », qu’on a déjà traduit par « réforme de l’existence ».

Né en 1868 à Lübeck, Hugo Höppener s'est intéressé dès sa jeunesse au végétarisme et aux méthodes de guérison alternatives.

S'inspirant de "l'école de Barbizon", un groupe de peintres fonde en 1890 la colonie de peintres de Grötzingen, près de Karlsruhe.

De nombreux sanatoriums voient le jour dans les pays germanophones. Parmi les plus connus figure la colonie d'artistes Monte Verità à Ascona.

Au tournant des XIXème et XXème siècles, une culture de l'habitat orientée vers la réforme voit le jour. Jusque là, le style de l’aménagement était dicté par la production industrielle de masse, inspirée elle-même par l'historicisme.

Agé d’une vingtaine d’années, Heinrich Vogeler, étudiant en art de Düsseldorf et originaire de Brême, se met en route pour Worpswede. Il y fonde la colonie d'artistes de Worpswede avec les peintres Fritz Mackensen, Hans am Emde, Otto Modersohn et Fritz Overbeck.

Les profonds changements résultant de l'industrialisation n'ont pas seulement marqué la société et l'économie, ils se sont également manifestés dans l'art, par exemple dans la danse.

Au XIXème siècle, différents mouvements ésotériques et religieux se forment en réaction à une vision matérialiste du monde et une science positiviste. La possibilité de mesurer scientifiquement des phénomènes invisibles (comme les rayons X, la radioactivité ou les ondes électromagnétiques) ont encouragé l'étude spirituelle et artistique de l'invisible. La théosophie, en particulier, est devenue un mouvement spirituel mondial de masse.

Génie universel, réformateur de l’existence, pédagogue – voire un mystique illuminé ? Qui était Rudolf Steiner ?

En Suisse, près de Bâle, Steiner fit construire le Goetheanum, une œuvre d'art totale dans le style de l'architecture organique, composée de bâtiments principaux, fonctionnels et d'habitation.

"Mon œuvre picturale est destinée au XXIème siècle" prévoyait la naturopathe, chercheuse et artiste Emma Kunz. Ce n'est qu'après sa mort en 1963 que son art a été redécouvert et qu'il a entre-temps été reconnu au niveau international.

Joseph Beuys est considéré comme l'un des artistes majeurs du XXème siècle. Son œuvre tourne autour de thèmes tels que la solitude, la blessure et la guérison.

Avec la psychanalyse, le psychisme s'est retrouvé de plus en plus au centre de l'art.

Pendant ses séjours à Bellevue et à Reichenau, Blankenhorn faisait de la musique, composait, photographiait, écrivait et traduisait, avant de commencer également à dessiner et à peindre en 1908. Ses thèmes étaient les couples d'amoureux, la nature et les motifs religieux.

Sa productivité artistique renouvelée montre que la peinture et le dessin étaient pour lui des moyens importants d'assimiler et de comprendre ses sensations oppressantes et ses délires.

Les portraits de Lohse-Wächtler des patients des établissements psychiatriques de Friedrichsberg et Arnsdorf ne montrent pas des tableaux cliniques, mais des personnes avec leur propre histoire.

Karl Genzel compte parmi les dix artistes dont le psychiatre Hans Prinzhorn a fait le portrait dans son ouvrage "Bildnerei der Geisteskranken" dont nous venons de parler.

Dans ses peintures, Kahlo a traité ses souffrances physiques et psychiques avec une honnêteté implacable.

Dans le cadre de sa psychothérapie, Hermann Hesse fait ses premiers essais de peinture : des images de rêve, des autoportraits, des intérieurs et des paysages.